Le monstre transparent : pourquoi n’en avoir rien à foutre de la Culture. Claire Cros.
(le + : énonce une évidence difficile à formuler ; le - : énonce une évidence difficile à formuler).
Un bibliothécaire perdu dans l'information
Le + : la contextualisation historique des besoins actuels d’expression
L’auteur utilise
* Avant 1945 - Besoins physiologiques - Qualité des produits
* Guerre Froide - Besoin d’appartenance - Marques, stars, symboles
* Mondialisation - Besoins de reconnaissance – Expérimentation, expression de valeurs personnelles
Le - : aucune délimitation du concept de « participation », d’où un optimisme exagéré
La « participation » recouvre dans l’ouvrage des concepts très différents : parfois réelle démarche horizontale et partage, parfois collaboration ponctuelle, parfois simple feedback ou possibilité d’expression. (Parmi les multiples exemples, l’auteur cite aussi bien les pays qui participent aux débats à l’ONU… et les téléspectateurs qui participent à Vidéogag en envoyant leur vidéos).
Si l’ouvrage détecte des dimensions participatives dans différents domaines (sciences, technologies, consommation, politique), leur réalité et leur efficacité n’y est pas évaluée.
[La « participation », quand elle est ponctuelle, superficielle, dirigée, pourrait très bien être une infantilisation marketing, comme semblent le suggérer les pions figurés sur la couverture du livre.]
Deux étudiants de l’enssib ont récemment lancé des appels pour identifier « les lacunes éventuelles de l'édition en Sciences de l'Information et des Bibliothèques».
Dans la catégorie "Evaluation des bibliothèques et des services" je regrette spécialement de ne pas disposer d'édition plus récente du Guide (des éditions le Moniteur) : Bibliothèques dans la cité, qui donnait des conseils pratiques pour l'organisation interne. Plus généralement, nous manquons de synthèses sur les pratiques (quelle proportion de bibliothèques font quoi) et de retours d'expériences (quelles sont les expériences qui ont marché ou pas dans les différents établissements). Des synthèses réalisées à partir des travaux des étudiants enssib et iut serait spécialement intéressantes (mais se pose le problème de la publicité des informations internes aux établissements étudiés).
Après réflexion, je me dis qu’un manque encore plus énorme et dommageable c’est l’absence d’ouvrages qui puisse jouer un rôle dans le débat public, analyser et défendre l'offre des bibliothèques dans la citoyenneté et le monde de l'information. A quoi ça pourrait ressembler d’ailleurs ?
- -
L'auteur ne problématise pas du tout le statut de l'expert (qu'il assimile 1/ à un professionnel, 2/ garantissant la véracité) ni le fonctionnement traditionnel des industries culturelles. On est donc tenté d'appliquer à son texte son propre propos : « Nous constatons aujourd'hui que la révolution web 2 favorise les observations superficielles au détriment des analyses en profondeur, les opinions irréfléchies au détriment des dialectiques éclairées ».
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L'auteur prend uniquement des exemples à charge (piratage, vidéos idiotes sur youtube, spams, plagiats, falsifications) et les met tous sur le même plan. C'est partisan et caricatural. Néanmoins force est de constater que ces utilisations superficielles ou négatives forment une part très importante des contenus web 2.0, alors que les défendeurs de celui-ci en sont souvent réduits à évoquer ses « potentialités » positives sans évaluer ses réalisations concrètes.
+
L'auteur montre que c'est insuffisant de penser qu'internet donne le pouvoir aux individus face aux médias traditionnels. Pour lui, internet oppose surtout les industries culturelles traditionnelles (qui prenaient en charge des coûts et des processus parfois long de sélection et de création) aux nouvelles industries publicitaires, qui vont chercher à capter tous les revenus. La pub va devenir plus insidieuse qu'auparavant, puisqu'elle va de plus en plus chercher à se mélanger aux contenus eux-mêmes.
++
Pour Andrew Keen, le web 2 est cannibale : si dans un premier temps il semble augmenter la diversité d'accès à des oeuvres, à moyen terme il en détruit la source. D'une part par le piratage (musique, films) voire par la simple réexploitation concurrente (Wikipedia qui prend ses sources dans des ouvrages papiers). D'autre part par l'émergence de grosses sociétés (Google en premier lieu) qui monopolisent les publicités et les sites de recommandation. L'auteur imagine un futur ou plus rien ne pourrait se développer entre les films amateurs gratuits et les blockbusters.
Bref :
cet ouvrage semble incapable d'envisager de nouvelles formes de création via internet et ne voit de solutions que limitantes (interdictions, blocages)
il n'en reste pas moins qu'il pointe bien deux simplifications :
l'idéologie qui veut voir dans toute possibilité technique (télécharger, commenter, publier) une avancée culturelle, sans voir ce qu'elle fait perdre
l'idéologie qui veut nier la dimension économique de la création, sous prétexte que les industries culturelles en tiraient des bénéfices trop élevés
Alors qu'il remplissait une notice unimarc, le bibliothécaire zen remarqua : « Ca existe. Ca n'existe pas ».
Le bibliothécaire zen cherchait rien sur Google, il obtint 27,987,384 réponses.
Le bibliothécaire zen se demanda : si le web est partout, pourquoi tapes-tu des mains ?
Le bibliothécaire zen déclara à un lecteur : « Si vous ramenez ce livre après sa date de retour, vous aurez une amende. Si vous ne ramenez pas ce livre après sa date de retour, vous aurez une amende. » L'usager fut illuminé.
Le bibliothécaire zen remarqua : « Travailler à la bibliothèque sans s'attacher aux livres ni aux mots qu'ils contiennent, telle est la juste voie».
Traduit du site : http://www.laughinglibrarian.com/koans.htm
J'ai commis plusieurs documents concernant les wikis :
Articles dans le BBF
* Travail collaboratif avec un wiki : pistes à partir d'expériences de bibliothécaires.
* Colloque Wikipedia d'Octobre à la Cité des sciences.
Dans les deux cas, mon point de vue c'est : les wikis c'est super pour faire des listes, mais pour aller plus loin cela dépend de facteurs non technologiques, non web 2 : l'intelligence individuelle des rédacteurs, leur travail effectif de rédaction, leur effort d'interaction au sein d'un projet organisé.
Diaporama
J'interviens dans des formations (les wikis en bibliothèque, créer son PBwiki en interne). Gratuit ou pô cher. Invitez-moi. :-)
A priori l'utilisation la plus évidente des wikis en bibliothèque, c'est pour l'organisation de groupes projets .
http://www.slideshare.net/DLiz/urfist-wiki-2007/
Chanson
J'ai traduit la chanson Wiki-man (très important) :
Pas la peine de discuter des faits avec lui,
T'es dans ses favoris, alors fais pas le malin
Et même si c'est un sujet sur lequel il ne connaît rien
Il clique sur Modifier et c'est parti !
Wikiman ! Wikiman ! Wikiman !
Oui ! c'est toi !
Pour la plupart d'entre nous c'est une chose impensable
C'est comme vouloir archiver des écrits sur du sable
Mais ce qu'il écrit ne veut pas dire grand chose
Car trop de cuistots ça gâte la sauce.
C'est un système organisé aux USA par SirsiDynix depuis 2003, et qui me semble très percutant :
1/ Un formateur intervient en direct sur internet, en commentant un diaporama pendant 45 minutes. (Ici, Meredith Farkas parlant des wikis en bibliothèques).
2/ Durant l'intervention, les bibliothécaires internautes peuvent répondre à des QCM : dans quel type d'établissement travaillez-vous ?Utilisez-vous tel ou tel outil ? Ici environ 300 personnes répondent :
3/ Sans doute la partie la plus intéressante : à la fin, un module de chat est ouvert. Un autre présentateur lit les questions les plus intéressantes, ou représentatives, et le formateur répond immédiatement.
4/ Le tout est ensuite archivé sous format vidéo, podcast, pdf, et consultable gratuitement.Les thèmes de ces modules concernent l'informatique, le management et les publics, toujours en bibliothèques.http://www.sirsidynixinstitute.com/archive.php
Je trouve judicieux cette organisation :
Bref, ça me semblerait un bon levier pour booster la formation des bibliothécaires sur des petits modules basiques. Mais à quelles conditions ce projet serait transposable ? Aux USA il est géré par SirsiDynix (fournisseur de SIGB) et soutenu par Microsoft. En France j'ai commencé à en parler avec des responsable d'URFIST et l'ADDNB, qui trouvent l'approche pertinente.
Bibliopedia est maintenant soutenue et hébergée par l’ADDNB (Association pour le Développement des Documents Numériques en Bibliothèques).
Un bilan rapide de Bibliopedia en 21 mois :
Ce qui marche : le wiki comme support d'interventions ponctuelles. L'outil est bien adapté pour actualiser des listes, faire des repérages sur internet, des comptes-rendus. Par exemple 17 séances sur 28 ont fait l'objet d'un compte-rendu lors du congrès 2006 de l'ABF. En tout plus de 250 personnes sont intervenues au moins une fois sur le site, et une dizaine interviennent régulièrement. Certaines pages ont été complètement prises en main par des contributeurs extérieurs : Documentaliste, Belgique, Signets… + toutes les pages du domaine Informatique par 3 ou 4 bibliogeeks.
Ce qui marche moins : plus le contenu d’un article est rédigé, complexe, plus il difficile à faire évoluer de manière collaborative.
La suite ?
Structure. Faut-il limiter le site aux pages qui marchent le plus / ou tenter de développer ce qui y est moins présent (notamment les aspects stratégie, retours d’expériences) ?
Lien avec les associations de bibliothécaires. Le soutien de l’ADDNB pourra y contribuer.
Expérimentations. En test une zone "expérimentations" où les bibliothécaires-documentalistes pourraient utiliser librement des pages en fonction de leurs projets locaux (texte de travail, compte-rendu…) du moment qu'ils travaillent effectivement dessus.
http://www.bibliopedia.fr/index.php/A
http://www.bibliopedia.fr/index.php/B
etc…
Les adresses changent (désolé ^^) :
http://www.bibliopedia.fr/
http://www.bibliopedia.fr/index.php/Bibliobuzz
http://www.bibliopedia.fr/index.php/Biblioblogs
(On verra si on peut faire des URLs plus propres que ça par la suite.)
* Je ne mets plus en valeur le RSS des nouvelles pages, mais je le remplace par un flux d’actualités concernant le site.
* Les codes des bannières et icônes Bibliopedia changent.