29 septembre 2010

Le complexe d'Arlequin


Le complexe d'Arlequin
Eloge de l'inconstance. Gilles Achache

Le zapping est l'opération intellectuelle qui consiste à faire se succéder sans transitions des dispositions d'esprit différentes. Le téléspectacteur adopte en quelques secondes les attitudes mentales qui vont lui permettre d'apprécier aussi bien TF1 ou Arte. Cette disposition va lui permet de maîtriser des narrations complexes, qui sollicitent son rôle actif (24h chrono,Memento, les films de Lynch ou même Plus belle la vie qui compte beaucoup plus d'intrigues parallèles que les séries du même type des années 60). Ainsi le spectateur devient apte à identifier sans cesse de nouvelles règles du jeux, comme dans les jeux vidéos. En Art : la pub et la pop culture lui montrent les règles de l'art contemporain (pas les musées ou les Maisons de la Culture). En Politique : le citoyen vote en tenant compte des équilibres politiques plus que des idéaux universels. Le problème n'est pas que la politique soit un spectacle, mais qu'il soit mal raconté et mette uniquement en avant les prises de décision, sans contexte ni conséquences.

Conséquences négatives :
Tout est mis en forme pour être "zappable", on peut prendre une émissions de tv à n'importe quel moment, et même dans la presse : pratique de l' "editing" (gros intertitres au milieu des articles de presse) pour pouvoir zapper dans lecture.
On pense pouvoir zapper la réalité comme on zappe une information déplaisante.

Faire avec le flux ou se vouloir extérieur à lui ?
Le zapping mental suppose à la fois adhésion et glissement, être bon et mauvais public, jouer le jeu entre croire et ne pas croire. En théorie on déteste la télé, le marché, le flux des informations. En pratique on les adore et on adore les critiquer. Ils n'exercent pas une influence malgré nous, de type violente ou inconsciente, mais plutôt ils donnent - plus ou moins bien - des formes communes et publiques aux représentations individuelles. Cette vision de G.Achache s'oppose ainsi à l'hypercritique de Bernard Stiegler pour qui la télé et le marché sont des addictions, du désir sans médiation, empêchant la sublimation, et qu'il faudrait amender par un contrôle démocratique.

13 septembre 2010

Absolument dé-bor-dée ! ou le paradoxe du fonctionnaire.



Le véritable sujet de ce livre de docu-fiction est : comment le vocabulaire du management peut s'enfler jusqu'à remplacer le contenu même du management, et devenir l'objet principal de travail.

L'ouvrage décrit un service Relations Internationales de Collectivité, qui peine à définir sa fonction, à évaluer son propre fonctionnement, à lancer des projets réalistes.

Le directeur s'agite et explique à ses collaborateurs : "Les process doivent être rationnalisés et il faut globaliser les inputs". Or ce qui est intéressant, c'est que prise en soi, l'idée est sans doute excellente, même si elle ne veut rien dire d'autre que "il serait bon de rassembler les informations pour mieux les organiser". Mais faute de se relier à des objectifs concrets et modestes, ce slogan reste incantation et mur de fumée.

Mais l'agitation autour de cet ouvrage concerne des sujets bien plus importants : Les fonctionnaires français sont-ils paresseux, Faut-il sanctionner un fonctionnaire qui écrit un roman contre les fonctionnaires, Zoé Shepard est-elle insupportable au boulot, les membres du service RI de la Région Aquitaine sont-ils sympas ?

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