13 janvier 2006

Bien trop de livres ?


"Bien trop de livres ? Lire et publier à l'ère de l'abondance" est un livre très stimulant intellectuellement. Plutôt que de simplement déplorer, comme le font beaucoup d'éditorialistes, le manque d'intérêt (supposé) de la majorité des publications, il pousse plus loin l'analyse. Il montre que ce qui menace la richesse de l'information, ce n'est pas en soi le nombre important de publications. Ce serait plutôt leur inadaptation (dans le cas d'oeuvres faites plus pour être écrites que pour être lues). Et surtout le manque de médiations adaptées : médias, critiques, libraires, bibliothèques, université, conversation. C'est l'uniformisation de ces médiations qui serait le vrai facteur de perte d'informations. Et non pas la diversité des livres eux-même, qui ont de toute façon à toutes les époques été toujours trop nombreux pour être appréhendés par un seul esprit.

"Que nous importe d'être cultivé, à la page et d'avoir lu tous les livres? Ce qui importe c'est notre façon de sentir, de regarder, d'agir, après avoir lu. Si la rue, les nuages et l'existence des autres ont quelque chose à nous dire. Si lire nous rend, physiquement, plus réels."

Un autre aspect de cet ouvrage est de rappeller les avantages intrinsèques au support du livre, dont certains sont tellement évidents qu'ils passent inaperçus. Le livre est pratique, il n'a pas besoin d'appareil de lecture, d'outil, pour être lu. Il permet un rapport direct, une maîtrise globale. C'est pourquoi des livres servent de mode d'emploi aux nouveaux médias, et pas l'inverse.
Peut-être que le papier électronique permettra aux nouveaux médias de se réappropriers ces avantages, donc non pas de remplacer le livre mais de l'améliorer. Comme la roue, le feu ou l'alphabet, le livre resterait donc selon l'auteur une invention fondementale qui n'aurait pas vocation à être dépassée.

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