27 novembre 2014
When the stars are right : Towards An Authentic R'lyehian Spirituality
01 novembre 2011
Biennale du numérique 2011
08 septembre 2011
The shallows (Internet rend-il bête ?)
"Comment internet change notre façon de penser, de lire et de nous souvenir."
La traduction qui paraîtra en octobre s'intitule "Internet rend-il bête?" mais le titre original est plus subtil : "Les basses eaux" ou "En surface". La traduction allemande s'intitule "Qui suis-je quand je suis online ?"
Pour l'auteur, Internet est inévitablement le lieu futur des idées, mais il entraîne des problèmes d'attention et l'incapacité à s'immerger profondément dans des idées et des récits.
- La lecture silencieuse rapide a permis le développement d'une capacité originale de concentration et d'interprétation. Avant (lorsque la lecture était orale, lente) trouver la vérité restait encore une simple vérification de l'adéquation entre en propos et les symboles religieux et naturels déjà connus. Le fait de pouvoir passer moins de temps à décoder ou vocaliser le texte a permis de passer plus de temps immergé dans les idées et les descriptions, de suivre une argumentation ou une histoire en les analysant plus finement, d'être sensible à des variations de langage plus subtiles. Citant Eisenstein : "La virtuosité remarquable des nouveaux artistes littéraires pour contrefaire les sens à travers de simples mots exigeait une conscience plus aigue et une observation plus proche de l'expérience sensorielle, capacités transférées à leur tour au lecteur."
-Internet est un écosystème de technologies d'interruption : hyperliens, alertes, multimedia. Mais est aussi un média universel et bidirectionnel. Avec 8h /j devant écrans, une grande quantité de texte est lu, mais par petits bouts.
- La lecture sur internet : est fragmentée et fragmentante. Surfer le net : est une suite continuelle de micro-décisions, jugements, qui gènent la concentration et la mémorisation. On passe son temps dans de l'"extraneous problem-solving" : à résoudre des problèmes extérieurs au propos (comme si on lisait un livre tout en résolvant des mots-croisés à côté). Hypertexte/hypermédia/alertes : ces outils étaient destinés à résoudre le problème de l'overdose d'informations, mais l'on finalement exacerbé. Le contenu proposé en ligne n'est pas fait pour être maîtrisé (cela demanderait une mémoire immédiate trop élevée) mais pour être simplement parcouru. De plus ce qui est traversé est trop désordonné pour être assimilé par la mémoire à long terme.
La lecture est effectuée "en diagonale", ou plutôt en forme de F. On passe en moyenne 20 à 25 seconde par page, dans le but d'identifier quelques mots-clefs ou phrases saillantes.
Cela fait qu'Internet développe bien certaines formes d'intelligence : visuo-spatiale et tri de données multiples. Mais diminue la mémorisation, la concentration et l'analyse.
-Google : outil très efficace, au point de devenir notre outil mental unique, la façon dont nous nous représentons l'accès idéal au savoir. Google à intérêt à ce que l'information circule de la manière la plus fluide et gratuite possible (pour mettre le plus d'Adwords dessus). Conséquence : il découpe le savoir jusqu'à son unité minimale (Googlebooks est concrètement utilisé comme une bibliothèque de paragraphes, et non pas comme une bibliothèque de livres).
- Conséquences sur la vision de la littérature et des textes. Sur les médias internet "social concerns overrides litterary ones" (les préocuppations sociales dépassent les préocuppations littéraires). La lecture n'est qu'un moyen de conversation, où le contenu doit avoir un style facile et où l'on peut reconnaître immédiatement des images communes à tous. Citant un article de l'Annual Review of Sociology : "Era of mass book reading was a brief anomaly in our intellectual history". Et citant Clay Shirky "La littérature ne vaut pas le temps qu'elle prend à être lue" (comme si elle n'était qu'un moyen, ennuyeux, de parvenir à autre chose).
- La forme d'un média change notre vision du monde, de manière globale et durable. Les médias ne sont pas des outils neutres (bons ou mauvais selon usage). Ce sont des outils cognitifs, des technologies intellectulles, qui comme les cartes, les horloges, ou l'écriture, modifient notre rapport au monde. Ces changements sont durables et extensifs, en raison de la plasticité des neurotransmetteurs. Le cerveau peut très rapidement programmmer des habitudes, bonnes ou mauvaises. Le cerveau demande rapidement à être nourri de la manière dont le net le nourrit. Internet introduit de la discontinuité dans tous les autres médias et expériences.
- Fausse idée que notre cerveau "stockerait" des "informations", et que donc internet pourrait nous libérer de ce travail de mémorisation. La mémoire est active : elle consiste dans l'acte de constituer et reconstituer des souvenirs, dans des synthèses toujours différentes. Ne pas faire travailler la mémoire affaiblit la globalité de l'esprit. Pour rester en vie, la culture ne doit pas simplement être de l'information stockée, elle doit être renouvelée dans l'esprit des nouvelles générations. Notre intelligence s'aplatit en une Intelligence Artificielle : nerveuse, rapide, de mémoire à court terme, établissement de simple liens. Les logiciels peuvent certes nous libérer de tâches aliénantes... jusqu'au moment où ils font le travail même de l'esprit à notre place, et nous empêchent ainsi d'acquérir des compétences.
- "Nous évoluons à de cultivateurs de notre savoir personnel à chasseurs et cueilleurs dans la forêt électronique des données". Le net est une bibliothèque où l'on peut retrouver de l'information, et non pas une bibliothèque qui aiderait à se construire soi-même en constituant son savoir personnel. Il réduit notre capacité à pouvoir choisir ce à quoi on prête attention et comment on choisit de l'interpréter. "Notre problème aujourd'hui est que nous perdons notre capacité à équilibrer ces deux états d'esprit : la pensée méditative et la découverte rapide."
06 février 2011
Un directeur unique pour les bibliothèques et les musées de Marseille
Ce serait "le temps de remettre de l'ordre dans la gouvernance", avant que la Ville ne demande à nouveau la mise à disposition d'un Conservateur d'Etat. (La Provence 14.01)
Une Lettre ouverte de l'Intersyndicale au Ministère de la Culture dénonce cette situation : http://tinyurl.com/6dud3of
Episodes précédents :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/01/20/marseille-gache-ses-talents-culturels_1467882_3232.html
http://www.lamarseillaise.fr/soci-t-quartiers/lettre-ouverte-fr-d-ric-mitterrand.html
http://www.laprovence.com/article/region/conseil-municipal-de-marseille-ces-affaires-dont-il-ne-faut-pas-parler
http://www.marseille2013.org/spip.php?article455
Une note positive :
« L’installation de la grande bibliothèque de l’Alcazar au cœur du quartier populaire de Belsunce a vraiment changé les choses » apprécie la documentaliste. « Les enfants qui arrivent de primaire ont désormais eu accès aux livres, ont été en contact avec des professionnels du livre ». LaMarseillaise 17.01
05 décembre 2010
Démission du directeur des bibliothèques de Marseille
Un des syndicats (FO) s'opposait au nouvel organigramme, plus transversal, qu'il proposait.
http://www.lamarseillaise.fr/soci-t-quartiers/boli-part-pour-ne-pas-plier.html
http://www.lamarseillaise.fr/soci-t-quartiers/organigramme-dessin-sur-un-coin-de-table.html
http://www.enssib.fr/breves/2010/12/01/bmvr-de-marseille-1-2-3-directeurs
http://www.abf.asso.fr/pages/interieur-contenu.php?categorieTOP=2&categorie=22&id_contenu=141
http://www.actualitte.com/actualite/22996-PSG-Eboli-capitaine-manifestation-greve.htm
Son prédécesseur commente :
"Deux lectures pour éclairer l'affaire : - l'entretien que j'avais donné à Livres-Hebdo en août 2007 à mon départ de la Direction des bibliothèques de Marseille,
- le livre de Michel Sanson et Michel Peraldi "Gouverner Marseille", La Découverte, 2006"
03 décembre 2010
Book bloc
(Dans une manifestation italienne contre la réforme des universités).
08 novembre 2010
13 minutes
Formule orginale de conférence à l'Université Paris Diderot : six intervention successives de 13 minutes chrono, sur des sujets divers. On sent la twitterisation du monde à l'oeuvre... tant mieux quand elle oblige les intervenants à rendre leur propos compréhensible et intéressant. Dialectique entre vitesse et contenu.
06 octobre 2010
We are IABD
http://www.iabd.fr/spip.php?article106
http://kotkot.blogspirit.com/archive/2010/10/04/lorsque-l-iabd-parait-le-cercle.html
http://www.bibliobsession.net/2010/10/05/liabd-sofficialise/
Son rôle sera
Pour le nouveau logo j'imagine un petit bonhomme qui doit soulever plein de dossiers...
Edit : voici le véritable nouveau logo. http://www.addnb.fr/spip.php?article649
30 septembre 2010
29 septembre 2010
Le complexe d'Arlequin
Le complexe d'Arlequin
Eloge de l'inconstance. Gilles Achache
Le zapping est l'opération intellectuelle qui consiste à faire se succéder sans transitions des dispositions d'esprit différentes. Le téléspectacteur adopte en quelques secondes les attitudes mentales qui vont lui permettre d'apprécier aussi bien TF1 ou Arte. Cette disposition va lui permet de maîtriser des narrations complexes, qui sollicitent son rôle actif (24h chrono,Memento, les films de Lynch ou même Plus belle la vie qui compte beaucoup plus d'intrigues parallèles que les séries du même type des années 60). Ainsi le spectateur devient apte à identifier sans cesse de nouvelles règles du jeux, comme dans les jeux vidéos. En Art : la pub et la pop culture lui montrent les règles de l'art contemporain (pas les musées ou les Maisons de la Culture). En Politique : le citoyen vote en tenant compte des équilibres politiques plus que des idéaux universels. Le problème n'est pas que la politique soit un spectacle, mais qu'il soit mal raconté et mette uniquement en avant les prises de décision, sans contexte ni conséquences.
Conséquences négatives :
Tout est mis en forme pour être "zappable", on peut prendre une émissions de tv à n'importe quel moment, et même dans la presse : pratique de l' "editing" (gros intertitres au milieu des articles de presse) pour pouvoir zapper dans lecture.
On pense pouvoir zapper la réalité comme on zappe une information déplaisante.
Faire avec le flux ou se vouloir extérieur à lui ?
Le zapping mental suppose à la fois adhésion et glissement, être bon et mauvais public, jouer le jeu entre croire et ne pas croire. En théorie on déteste la télé, le marché, le flux des informations. En pratique on les adore et on adore les critiquer. Ils n'exercent pas une influence malgré nous, de type violente ou inconsciente, mais plutôt ils donnent - plus ou moins bien - des formes communes et publiques aux représentations individuelles. Cette vision de G.Achache s'oppose ainsi à l'hypercritique de Bernard Stiegler pour qui la télé et le marché sont des addictions, du désir sans médiation, empêchant la sublimation, et qu'il faudrait amender par un contrôle démocratique.
13 septembre 2010
Absolument dé-bor-dée ! ou le paradoxe du fonctionnaire.
Le véritable sujet de ce livre de docu-fiction est : comment le vocabulaire du management peut s'enfler jusqu'à remplacer le contenu même du management, et devenir l'objet principal de travail.
L'ouvrage décrit un service Relations Internationales de Collectivité, qui peine à définir sa fonction, à évaluer son propre fonctionnement, à lancer des projets réalistes.
Le directeur s'agite et explique à ses collaborateurs : "Les process doivent être rationnalisés et il faut globaliser les inputs". Or ce qui est intéressant, c'est que prise en soi, l'idée est sans doute excellente, même si elle ne veut rien dire d'autre que "il serait bon de rassembler les informations pour mieux les organiser". Mais faute de se relier à des objectifs concrets et modestes, ce slogan reste incantation et mur de fumée.
Mais l'agitation autour de cet ouvrage concerne des sujets bien plus importants : Les fonctionnaires français sont-ils paresseux, Faut-il sanctionner un fonctionnaire qui écrit un roman contre les fonctionnaires, Zoé Shepard est-elle insupportable au boulot, les membres du service RI de la Région Aquitaine sont-ils sympas ?
24 avril 2010
Pour un bibliothécaire ni dominant ni dominé
Parmi la dernière fournée de Mémoires enssib, en voici un qui synthétise les débats idéologiques des 10 dernières années : "Les bibliothécaires face aux techniques non-identitaires : discours et représentations" Anne Boraud-Membrède (pdf).
Trois profils sont utilisés pour analyser les discours des bibliothécaires vis-à-vis des nouvelles techniques (TIC et management) :
- Profil Politique : leur modernité consiste à réaffirmer les missions traditionnelles à travers les nouveaux outils
- Profil Techniciste : leur modernité consiste à maîtriser parfaitement les nouveaux outils
- Profil Socio-anthropologique : leur hypermodernité consiste à favoriser le développement d'usages divers
Dans les deux premières figures, le bibliothécaire reste prescripteur et souhaite dominer la médiation ; dans le troisième cas il « doit endosser plusieurs rôles, se faire tantôt passeur, tantôt passager, tantôt dominant, tantôt dominé. » Mais s'il n'est plus figé sur son identité, c'est maintenant la peur de la disparition qui le motive, sans qu'il ait de véritable objectif extérieur.
Pour que les techniques-usages développées en bibliothèques gardent un sens, l'auteur pense que « les bibliothécaires gagneraient à penser leur identité sur le mode narratif ». En effets leurs différents discours restent soit centrés sur une identité figée, soit décentrés quand ils cherchent à s'adapter en vue de leur propre sauvegarde. De manière paradoxale, ils cerneraient de manière plus réaliste leurs fonctions actuelles s'il renouvelaient leurs utopies pour la société.
18 décembre 2009
Peu importe le flacon
Liste des livres sur les liseuses.pdf
Ainsi chargées, les liseuses sont beaucoup plus intéressantes qu'avec l'offre limitée (voire anglophone) qui est généralement proposée par défaut dessus.
Les thèmes
A la recherche du temps perdu
Grands romanciers
Histoire et autobiographies
Jeunesse
Langues étrangères
Nouvelles
Philosophie et Essais
Poésie
Religions
Romans d'aventures
Romans fantastiques
Romans policiers
Romans sentimentaux ou psychologiques
Théâtre
Format
Le format choisi est epub (ou pdf si l'epub est vraiment indisponible).
Au besoin logiciel Calibre permet de convertir le prc en epub.
Pour Noël j'attends la mise à jour qui ferait que le Cybook Gen3 puisse aussi lire les epubs (et pas seulement le prc et les pdf).
Libres de droit
En France, sont libres de droit les ouvrages dont les auteurs et traducteurs sont décédés depuis plus de 70 ans (100 ans pour les morts au front comme Apollinaire et Alain-Fournier). Ces règles sont différentes selon les pays, tout dépend donc d'où vous téléchargez...
Les sources
Les sites que j'ai utilisé, par ordre de priorité :
http://www.ebooksgratuits.com/
http://feedbooks.com/
http://www.gutenberg.org/
http://jydupuis.apinc.org/ (pdf uniquement)
http://books.google.com/ (scan non corrigés)
http://www.inlibroveritas.net/ (nombreux fichiers epub corrompus)
http://www.liberliber.it/
Plus quelques sites dont j'ai reconverti les textes en PDF :
(pour pouvoir offrir du chinois, du japonais et de l'arménien)
http://www.aozora.gr.jp/cards/000879/card128.html
http://www.s110058824.onlinehome.us/main2.html
http://www.armenianhouse.org/
Plus un texte pdf sous Creative Commons (un des rares a être mise en forme pour liseuse).
http://exilelifestyle.com/lifestyle/free-ebook-remarkable/
J'avais aussi fait des recherches sur http://issuu.com/ et http://fr.calameo.com/ mais sans rien y retenir.
17 décembre 2009
14 octobre 2009
28 % de fréquentants, dont 7 % compulsifs
18 août 2009
S'acheter une vie
Le consumérisme change notre relation à l'identité et au temps, beaucoup plus que notre simple relation aux produits eux-mêmes.
- L'individu ne définit plus sa place dans la société par ce qu'il produit mais par ce qu'il consomme.
- La société n'apparaît plus comme une cause à laquelle on sacrifie nécessairement une part de son plaisir, mais elle se manifeste sous la forme de festivals d'unité communautaire.
- Alors que le principe de réalité était autrefois géré par la société (morale, vérités, autorité, grandes causes) il est dérégulé et privatisé : l'individu doit fixer lui-même ses responsabilités et ses limites. Tâche écrasante dont il se libère auprès d'organismes commerciaux. Le principe de réalité se traduit paradoxalement par l'obligation de rechercher le plaisir.
-Le sentiment d'urgence fournit aux individus le soulagement illusoire de triompher de leur excès de possibilités, de leur inadaptation continuelle.
- Temps pointilliste, où chaque moment est séparé des autres, et apparaît illusoirement comme potentiellement plein.
Thomas Eriksen, La tyrannie de l'instant : « L'instant présent lui-même est menacé dans la mesure où l'instant suivant arrive si vite qu'il devient difficile de vivre au présent ». « Nous sommes sur le point de créer une société dans laquelle plus aucune pensée ou presque n'a plus de quelque centimètres de long. »
03 août 2009
Auto-tune the news
Des couplets sur : l'amendement climatique (dénoncé comme liberticide par les républicains), la démission de S.Palin, les lobbies pharmaceutiques, la mort de M.Jackson.
« Auto-tune the news » parodie la manière dont les journalistes et les politiques mettent en scène leurs propres émotions. Comme l'effet autotune, une émotion toute automatique.
http://thesegentlemen.blogspot.com/2009/07/auto-tune-nation-my-interview-with-evan.html
09 juin 2009
Le débat que vous avez raté sur Biblio-fr
Ceci dit nous n'avons pas beaucoup parlé non plus de l'arrêt des concours nationaux, de l'arrêt de la SDBIS, de l'arrêt de la DLL...
Loin des yeux loin du coeur....
02 juin 2009
Quel modèle de bibliothèque ?
Alors que les bibliothèques anglo-saxonnes visent à rendre service à l'usager, les bibliothèques françaises ont l'ambition de le transformer.
Cette visée « aristo-démocratique » (et sans doute issue de la Révolution française) a pu soutenir le développement des bibliothèques françaises et leur attribuer un rôle symbolique fort. Néanmoins elle est remise en question quand les chiffres d'inscriptions atteignent leur limite.
La France a subi l'influence mixte de plusieurs modèles historiques contradictoires, mais en les cumulant : La Bibliothèque d'étude + La Bibliothèque populaire + La Public Library + La Maison de la Culture. Cela fait sa richesse, mais cette universalité des tâches alourdit son fonctionnement.
L'ambition d'amener tous les usagers à la Culture n'est pas vraiment un modèle uniforme. En effet, hormis quelques caractéristiques communes comme l'accès direct et la valorisation, cette mission peut justifier toute priorité : le militantisme/le consumérisme, les nouveautés/la collection, les grosses BMVR/les BM de quartier, internet/l'imprimé, la littérature/l’information pratique, le catalogage/les heures d'ouverture... Bref les débats des bibliothécaires ne peuvent pas vraiment y trancher ce qu'il faudrait faire ou pas, car in fine toute option peut être rattachable à une légitimation « pour le public ».
D'où peut-être la tentation actuelle de simplifier les choses en adoptant le modèle de la Public Library (la bibliothèque au service de l'information et de la formation des différents types de populations), mais au risque de perdre une certaine visée universelle de la culture, à laquelle d'ailleurs les usagers français eux-mêmes sont attachés.
Quel modèle de bibliothèque ? / Ouvrage collectif paru aux Presses de l' Enssib ; décembre 2008.
30 mai 2009
Toute la richesse d'un lieu commun
Blog de Leslie Plée
Si je ne vous conseille pas Marc Levy, je vous recommande la BD de Leslie Plée qui existe aussi en version papier. Elle se termine d'ailleurs par ces mots : "Un livre, c'est pouvoir avoir le monde dans sa poche".
Bref un livre qui puisse non pas vider l'esprit mais le remplir et dessiner un horizon au monde.
22 mai 2009
Espèce de faible lecteur
Microtrottoir : Quelle place tient la lecture dans votre quotidien ?
Effectivement pour beaucoup de personnes ayant une pratique morcelée de la lecture, celle-ci est assimilée aux "grands classiques" du collège (qui font mal à la tête) et à quelques romans et essais contemporains (un moment de détente, de sagesse). Migraine ou aspirine.
La fatigue et l'absence de temps invoqués traduisent aussi la difficulté de concentration et de repérage.
17 mai 2009
Espèce d'usager de médiathèque
Un point de vue iconoclaste sur les usagers des médiathèques par Philippe Muray.
L'usager de médiathèque serait la figure emblématique des nouvelles classes moyennes, qui ne diposent ni des solidarités des anciennes classses populaires, ni de l'indépendance intellectuelle des anciennes classes bourgeoises.
Sa manière de vivre en société ne se ferait plus que sous le mode de la fréquentation, la fête permanente, la revendication individuelle.
« Voilà Festivus festivus : l'être qui s'est déchargé de la totalité de son existence sur l'Etat en échange de la disparition de sa liberté, disparition qu'il ne voit même pas puisqu'on réussit à le passionner avec la baliverne de réappropriation de son existence et de son environnement. »
« En terme de sociologie de bazar médiatique, il s'agit grosso modo d'achever de néantiser les classes populaires et de les transformer en public de médiathèques, c'est-à-dire en classes fréquentantes : diplômés, couches moyennes et supérieures, cadres, étudiants ; c'est-à-dire la clientèle captive de la festivisation intégrale, et dépendante pour tout le reste, dépendante de l'Etat, stato-dépendante, dépendante jusqu'à ne plus savoir comment on épluche une pomme de terre, comme on cuit un oeuf ou fait un enfant sans en appeler aux travailleurs sociaux et aux aides familiales. »
A rapprocher peut-être du sentiment toujours un peu infantilisant qu'il y a se plier aux codes et aux choix d'une bibliothèque, qu'elle soit populaire, spécialisée ou tout public.
09 mai 2009
La société malade de la gestion
Beaucoup de cadres et d'élus sont fascinés par la gestion, qu'ils assimilent à la rigueur et à l'efficacité. Or elle n'en est que le versant quantifiable et abstrait. Ses paradigmes ayant été conçus pour s'appliquer aux choses, elle ne saurait s'appliquer sans dommages aux hommes où à la société dans son ensemble.
Le contexte : le développement des industries de services.
Le téléphone et l'ordinateur sont les outils de la majorité des exécutants aujourd'hui. Ces évolutions technologiques allègent la pénibilité physique mais accroissent la pression psychique. « Ce que l'homme gagne en autonomie, il le paie en implication. » Les critères de qualité du travail étaient évidents dans le monde de l'artisanat et de l'industrie (« un mur mal agencé, ça se voit ; un moteur, ça marche ou ça ne marche pas ») , mais ils deviennent abstraits dans le monde de l'administration et des services. D'où la fonction de mobilisation psychique des outils de la gestion : les tableaux de bord semblent rassurants face à la peur de l'incertitude et de l'arbitraire.
La part bénite et la part maudite de la gestion
La gestion managériale est un outil nécessaire, qui améliore remarquablement l'efficacité, la responsabilité individuelle et l'innovation. Mais si elle se substitue au sens (qui est de produire de la richesse pour le bien commun), elle engendre alors des effets pervers : individualisme, compétition à outrance, dictature du chiffre (perçu comme objectif), instrumentalisation de l'humain, injonctions paradoxales. Elle devient une idéologie de perfection et d'oubli du négatif (des conséquences sur la société, le psychisme, l'environnement). Elle se préocuppe uniquement de la rareté matérielle et dénie toute réalité aux idées, symboles, valeurs.
« La gestion managériale est un mélange de consignes rationnelles, de prescriptions précises, d'outils de mesure sophistiqués, de techniques d'évaluation objectives, mais aussi de consignes irrationnelles, de prescriptions irréalistes, de tableaux de bord inapplicables et de jugements arbitraires. »
Rationalisation et Raison
« Beaucoup de gestionnaires entretiennent une confusion entre rationalisation et raison. La rationalisation est un mécanisme d'échange, à partir de la recherche d'un langage commun et d'un souci de clarification. Mais c'est aussi un mécanisme de défense qui, sous les apparences d'un raisonnement logique, tend à neutraliser ce qui est gênant, ce qui dérange, ce qui n'entre pas dans « sa » logique. En ce sens, la rationalisation est du côté du pouvoir, alors que la raison est du côté de la connaissance. Cette dernière n'a pas à se soumettre à un principe d'efficacité mais à un principe de recherche du sens. Or, sur bien des points, l'efficience s'oppose au sens. La connaissance doit permettre à chaque individu de rendre intelligibles son expérience, les situations qu'il rencontre, les conflits qu'il est amené à vivre. »
02 mai 2009
19 avril 2009
Overdose d'info : guérir des névroses médiatiques
Notre intérêt pour les actualités instantanées ne provient pas d'une volonté de comprendre ou d'agir, mais d'un souci d'appartenance et de sécurité psychologique.
Selon Michel Lejoyeux, il s'agit d'une névrose "raisonnable", qui derrière l'apparence de sérieux et de maîtrise permet surtout de socialiser nos émotions et angoisses. Il décrit les tendances anxieuses, hypocondriaques, narcissiques ou compulsives que peut recouvrir cet intérêt.
Il conseille de se détacher de cette fascination pour l'actualité immédiate - en lisant par exemple le journal de la veille - pour retrouver finalement une relation plus active et engagée dans la réalité. « La grandeur de l'homme est dans sa décision d'être plus fort que sa condition... et que les images qu'on lui présente. »
Antony Perkins filmé par Welles dans Le Procès
Dans une relecture intéressante, l'auteur compare le consommateur d'information aux protagonistes des romans de Kafka. S'il est incapable d'atteindre le Sens, c'est parce qu'il le projette au-delà de lui-même et se fourvoit alors dans des méandres dont il est le créateur.
« Les personnages de Kafka font d'un simple procès une affaire d'Etat tant ils ont besoin d'en comprendre les détails. Un arpenteur victime d'un malentendu souffre autant de la méprise de l'administration que de son besoin de deviner les desseins secrets du Château. Il est piégé par sa soif de connaissance, son besoin d'aller au fonds des choses et de faire toute la lumière sur son affaire. »
12 avril 2009
Les nouveaux intellos précaires
Huit ans après la publication des Intellos précaires, ses auteurs observent une systématisation dans la précarisation des métiers consacrés à la création et à la transmission d'idées : écrivains, éditeurs, journalistes, scénaristes, chercheurs et enseignants.
Cela induit une crise de l'offre de contenus culturels, dans une véritable course vers le bas : actualités uniformisées, recherche orientée sur des résultats à court terme, division par 6 du nombre d'artistes produits, fusions et reventes des maisons d'édition.
Pour dépasser l'individualisme structurel – subi ou choisi – des intellos précaires, le collectif « Sauvons la recherche », la « Charte des auteurs et illustrateurs de jeunesse », ou encore les Syndicats et Association intégrant une section « Précaires » sont décrits comme des initiatives à imiter.
Il ne faut pas confondre le gratuit « facteur de démocratie et d'égalité » et le gratuit « stratégie de marchandisation, investissement sur vos dépenses à venir ».
« C'est celui qui conçoit le livre qui est le plus fragile de la chaîne. Le seul (enfin on l'espère) qui est rémunéré presque toujours en dessous du smic.»
(A noter p.241-253 : une approche assez équilibrée concernant la polémique du Droit de prêt en Bibliothèque. En 1998, on comptait 350 millions de livres vendus et 150 millions de livres prêtés. « Comme la bière appelle la bière, le livre appelle le livre. A certains égards, les bibliothèques jouent ce rôle de promotion par le gratuit que nous évoquions plus haut pour la lessive ou les chips. »)
05 avril 2009
Bibliopedia is back
Bibliopedia a été indisponible du 2 au 31 mars : il a fallu réinstaller complètement le logiciel, la base de donnée ayant été corrompue.
Pour y participer, l'inscription (ou la ré-inscription) est maintenant nécessaire. Inscrivez-vous, ça prend une seconde !
La rubrique bibliobuzz reviens donc également, juste à temps, pour sa republication dans le nouveau site du BBF.
17 mars 2009
Comment être un directeur de bibliothèque acceptable
(Suite aux chaînes de Marlene et Desp.Lib.: quelques photos de mon précédent bureau.)
Faire des réunions mais ne pas oublier quels en sont les objectifs.
Régler l’administratif récurrent dans un état d’inconsciente efficacité mécanique.
Bien ranger ses archives même si c’est ennuyeux.
Définir priorités et projets fabuleux tout en étant content du quotidien.