29 janvier 2009

La télécratie contre la démocratie

La télécratie contre la démocratie
Bernard Stiegler. Flammarion, 2006 (réédition 2008).

Ce sont les intermédiaires qui permettent la démocratie,
car l'individu s'y construit progressivement (identification aux parents, à la société, aux signes).
Or la télé-vision (les écrans médiatiques) court-circuite tous ces processus.
L'intensification des flux de symboles conduit à une désymbolisation massive, à un mode pulsionnel et immédiat du désir.
L'économie de marché a conduit à une société de marché, où le marché raccourcit les processus de désirs et de développement individuel.
La déresponsabilisation des individus ne vient pas de l'Etat, mais des industries de services
(réglant le désir sous forme de concepts marketing et ne développant pas de véritable savoir-faire chez ceux qui les exécutent).

La télévision conditionne de part en part la vie politique.
La télécratie électronique n'en est encore qu'à ses début :
* soit les pouvoirs privés y accentueront la désindividualisation
* soit une nouvelle puissance publique (de politique industrielle, médiatique et éducative)
permettra de nouveaux processus d'individualisation.
Seule une redéfinition de la fonction publique (sans fonctionnaires à vie) le permettra, en ne se limitant pas
à un simple rôle de redistribution des richesses, mais en se fixant des objectifs à long terme (ceux que le marché ne peut pas assurer).

Les facteurs technologie ne déterminent pas le social, mais justement ils l'indéterminent.
C'est pourquoi les télé-technologiques constituent des forces centrifuge, mais également des énergies centripètes :
elles sont les seules voies pour retrouver des circuits de transindividuation (individualisation+socialisation).
Le web 2 est un de ces pharmakons (poison et remède) : il est positif s'il contribue à reconstituer des circuits sociaux moins courts,
mais peut également accélérer les processus d'aliénation.

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