Depuis plusieurs mois j'ai conservé des liens d'articles un peu "décalés" concernant les bibliothèques des Etats-Unis et du Québec.(source majoritaire : Yahoo actualités). Ils me semblent intéressants, pas forcément pour leur caractère innovant ni même forcément représentatif, mais parce qu'ils ne coïncident pas toujours avec nos problématiques de bibliothécaires français.
Les objectifs fixés aux bibliothèques là-bas y sont souvent plus radicaux et tranchés qu'en France (c'est tout ou rien). Et on ne se pose aucun problème quant à mêler le monde de la culture avec des pratiques issues de milieux très différents. Souhaite-t-on faire pareil chez nous? A voir.
Là où 99,6% des bibliothèques offrent internet à leurs usagers.
http://www.msnbc.msn.com/id/8336946/
Elles se posent à présent le problème de l'accessibilité de ces postes face aux fortes demandes aux heures de pointe. Deux tiers des américains adultes utilisent internet, 14% d'entre eux n'y ont accès que sur leur lieu de travail, à l'école, ou en bibliothèque.
Là où les programmes politiques parlent d'heures d'ouverture.
http://www.radio-canada.ca/arts-spectacles/Plus/2005/11/03/001-culture-elections.asp
Le maire de Montreal soutient qu'il investira 2 millions $ au prochain mandat afin d'augmenter les heures d'ouverture des succursales et le nombre de bibliothécaires.
En France les programmes municipaux parlent surtout de la construction des locaux (et indirectement, à travers la transformation de bibliothèque en médiathèque, des supports ). Mais plus rarement de leur contenu qualitatif et de leur conditions d'usages.
Là où c'est un scandale de vouloir fermer la bibliothèque le dimanche.
http://www.madison.com/tct/news/stories/index.php?ntid=58159
Et là où on peut déclarer sans rire : « Nous sommes ouverts plus de 90 heures par semaine, j’espère que c’est assez ».
Cité d'un article sur le le geocaching pour bibliothèque (tout découvrant la classification du Congrès).
http://www.sciencedaily.com/releases/2005/10/051017071602.htm
Là où les habitants doivent voter pour une taxe bibliothèques.
Ils ont voté oui dans une ville de 150 000 habitants qui a failli fermer sa bibliothèque faute de crédits alloués.
http://www.sfgate.com/cgi-bin/article.cgi?file=/chronicle/archive/2005/11/12/BAGPAFN1GU1.DTL
Ailleurs c'est l'Etat fédéral qui râle pour des dépenses concernant des bibliothèques de Comté (des sortes de BDP, qui dépendent à la fois de crédits locaux et fédéraux).
http://www.journaltimes.com/articles/2005/11/12/local/iq_3761483.txt
Là où les sites webs des bibliothèques sont aggressifs.
"Sure we’ve got books, but that’s not all."
Suivre le lien «Tour our services » : Une présentation des services d’un réseau de bibliothèques.
http://www.plcmc.org/multimedia/default.htm
(Leur planning de formations informatiques pour les usagers est également impressionant :
http://plcmc.org/programs/searchresults.asp?type=13)
Là où la Lecture publique ose faire de la publicité mensongère
En voulant faire croire que c'est hype de lire.
(Posters trouvés sur le site de vente en ligne de l'American Libraries Association
http://www.alastore.ala.org/)
Fait comme toutes tes stars préférées : lis un livre !
Là où on paye ses amendes de retard...
...en venant faire des lectures à la bibliothèque.
http://www.etruth.com/News/Content.aspx?ID=360528&page=
Là où les best-sellers ont leurs Oscars à la télé.
The Quills Awards : un show télé pour nommer les meilleurs livres de l'année. Le gagnant sera spécialement promu en librairie (le CNL apprécierait ! vainqueur :Harry Potter).
http://www.wnbc.com/quills/index.htmlNéanmoins il semblerait que peu de personnes aient souhaité participé au vote.
http://www.newpublisherjournal.com/1128447667.shtml
Alors qu'en France, imaginez les potentialités germanopratines d'un tel prime time, avec éliminations en direct par SMS).
Là où les bibliothèques se font entendre politiquement.
Même si elles ont échoué, les bibliothèques du Connecticut ont eu un certain écho médiatique, en tentant de faire valoir comme anticonstitutionnelle l’utilisation de leurs fichiers par le FBI.
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2005/11/05/AR2005110501366.html?nav=rss_technology
Ce qui a fait déclarer à Kurt Vonnegut, l’auteur d’Abbatoir 5 : "The America I loved, still exists in the front desks of public libraries."
http://www.usatoday.com/life/books/news/2005-10-05-vonnegut_x.htm
(En termes médiatiques, l'interassociation des bibliothécaires français, concernant la directive sur le droits des auteurs et éditeurs, à actuellement moins de succès).
Là où les bibliothécaires n'ont pas honte de leur réussite
(La présidente de l’ALA.)
http://lb.princetonlibrary.org/experience.html
En France je ne connais que le site d'Alain Caraco qui se rapproche de ce type de présentation.
http://alain.caraco.free.fr/index.php?page=parcours
(C'est l'occasion de mentionner son blog : http://alain.caraco.free.fr/blog/)
Là où un salaire de départ moyen de 32 000$ est considéré comme dissuassif.
http://www.cbsnews.com/stories/2002/06/18/national/main512573.shtml?CMP=ILC-SearchStories
Cet article aborde le problème des recrutements de bibliothécaires aux Etats-Unis et sur l'attractivité du métier. "L'association des Bibliothèques met à nouveau l'accent sur les recrutement, en insistant particulièrement sur les hommes, les minorités et les personnes envisageant des changements de carrières".
( en lien avec le débat soulevé sur biblioacid : http://www.biblioacid.org/2005/11/discrimination.html )
Là où l'Ifla s'associe à 3M pour décerner le prix des bibliothèques les plus marketing.
http://www.ifla.org/III/grants/3m-award.htm#2004winners
Le slogan de la bibliothèque gagnante est « Je suis venu, j’ai vu, j’ai lu. »
La deuxième a choisi : « Soin pour l’esprit. »
La troisième n’a pas de slogan, c’est sans doute pour ça qu’elle n’est que troisième.
Là où les formations continues sont branchées.
Une formation continue organisée par l’OCLC concernant les innovations technologiques pour bibliothèques :
http://www.oclc.org/western/training/courses/descriptions/W701.htm
"Est-ce que ta bibliothèque est à niveau?" (to keep up, "se maintenir à niveau")
Je pense que cette formulation mérite d'être remarquée. A la lettre, elle signifierait que le bibliothécaire va suivre la formation en ayant un regard d'analyse sur son établissement, et en ayant pour but de pouvoir l'améliorer par ce qu'il aura appris. (Et pas simplement pour augmenter son bagage personnel).
Programme de la formation :
Topics covered include
Your library's evolving role in the community
The "new social software movement"
Blogs
RSS (Really Simple Syndication)
Virtual reference
Your library and "convergence"
Service evolution
RFID (Radio Frequency Identification)
The new resource sharing and ILL
Audio book, eBooks, etc…
Wireless
e-Learning
And much more!
Là où un bibliothécaire se demande ce qu'il peut apprendre professionnellement de Google, Wikipedia et Amazon.
-Au lieu de simplement critiquer :) .-
What Does Google Know That We Don’t?
http://www.ala.org/al_onlineTemplate.cfm?Section=2005columns&Template=/ContentManagement/ContentDisplay.cfm&ContentID=104848
Wikipedia.
http://www.ala.org/al_onlineTemplate.cfm?Section=2005columns&Template=/ContentManagement/ContentDisplay.cfm&ContentID=108806
Là où 34% d'inscrits est décrit comme une situation calamiteuse (Québec).
Il existe au Québec un établissement qui n'a pas son parallèle en France : il s'agit de la "Grande bibliothèque", qui au sein de l'institution « Bibliothèque nationale du Québec », est spécialement consacrée au prêt de documents.
Cet établissement a été critiqué pour son coût, mais aussi pour la concurrence qu'il ferait au domaine privé !
Une internaute écrivait ainsi sur le site http://www.cyberpresse.ca/opinions
"Pourquoi le gouvernement ne décréterait-il pas un « petit délai » obligatoire de trois mois entre la vente d'un nouveau produit culturel (livre, disque compact, cassette de musique, DVD, vidéocassette, logiciel, etc) dans les établissements commerciaux et son prêt théoriquement gratuit dans les sacro-saintes bibliothèques subventionnées qui font actuellement, grâce aux taxes des Québécois, du piratage étatisé?"
Les réponses de la présidente de la Grande Bibliothèque sont tout aussi étonnantes.
http://www.ledevoir.com/2005/10/04/91806.html
Elle estime que celle-ci ne fait pas concurrence avec le commerce puisque qu'on y achète et prête des nouveautés CD et DVD que, respectivement, en 6 et 8 exemplaires. (Imaginez la BNF ou la BPI qui feraient pareil). Pour elle, le taux d’inscrit au Québec n’étant que de 34%, il est donc urgent que ce pays cesse enfin « d'être à la traîne de tous les pays d'Europe et d'Amérique ».
« Les colloques peuvent deviser à l'infini sur l'avènement de la société de l'information, sur les mutations culturelles, sur la fracture numérique, sur l'absolue nécessité de l'éducation continue. Un jour, il faut passer à la création de moyens, les intentions doivent prendre forme, la bibliothèque les incarne au mieux. »
1 commentaire:
Bonjour,
Ayant profité d'un séjour à Montreal et à Quebec pour visiter leurs fameuses bibliothèques et rencontrer des responsables, j'ai effectivement pu constater l'activisme des professionnels et une réelle volonté d'attirer le public par tous les moyens. Seul bémol : la pauvreté absolue des collections musicale. En dehors des somptueux fonds de la BANQ point de salut, c'est bien souvent vaches maigres et prêt payant. Etrange.
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