16 août 2006

Specflic 2.0 vs Lecture linéaire


Specflic 2.0 est le nom d'une performance multisupport (acteurs + décor + diffusion d'un film vers les pc et téléphones du public), qui s'est déroulée le 9 août dans la cour de la Bibliothèque de San Jose en Californie, à l'occasion du Festival d'art ZeroOne. (Trouvé via mes rss yahoo)

Le sujet : une spéculation sur le futur des bibliothèques en 2030.
Le bibliothécaire est devenu l'Infosphérien, qui aide l'usager à voyager dans l'Infosphère, réceptable mental de l'information universelle.
La bibliothèque en tant que bâtiment n'est plus qu'un musée, et pire :
"Puisque l'on peut maintenant en extraire efficacement l'information à travers les outils de l'Infosphère, lire un livre en entier est perçu comme le comble de la paresse et du privilège".

Entre le progrès consistant à extraire numériquement les informations d'un livre, et la réduction du livre à cette googlisation, voilà donc un pas que franchissent allégrement ces artistes, pour qui la lecture linéaire ne saurait être autre chose qu'un pensum de navigation via des dépêches, annuaires, encyclopédies et archives. La connaissance humaine trouverait son apogée dans les citations, les news et des rss... et voilà pourquoi votre livre est malade !

Cercamon écrivait récemment : "Le risque pour le livre papier est moins de se voir remplacé par un dispositif électronique que de voir disparaître la lecture linéaire elle-même" (1) et constatait le déclin de la lecture littéraire (2) et le développement d'environnements multitâches rendant difficile la concentration (3).
Cette lecture linéaire étant intrinsèquement liée à l'unité et la continuité qu'offre le livre, à la fois sous la forme du roman (voyage spirituel suivi et initiant) et de l'essai (orchestration de savoir où la pensée se développe par des mouvements de longue haleine insaisissables par la lecture segmentaire de l’accès direct).(1).

A moins que les futurs modèles de livres électroniques ne parviennent à opérer une synthèse entre la maniabilité du numérique et la pérennité de l'objet livre ?
Nouvolivractu annonce la fabrication d'un écran souple qui ne fait que réfléchir la lumière. Comme pour un livre traditionnel, il est stable et la lumière lui vient de l'extérieur, ce qui symboliquement comme oculairement en permettrait une lecture continue et une immersion dans le contenu. Mais pour quels contenus, et quels lecteurs ?

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