31 mai 2007
Un brève histoire de l'avenir
Résumé : Si on applique la vision de l'avenir de Jacques Attali au monde des bibliothèques et de l'information, seule l'apogée de l'ère d'hypermanipulation de l'information permettrait la venue d'une ère d'"hyper-lecture publique".
J'ai lu "Brève histoire de l'avenir" de J.Attali.
La thèse de l'auteur est suprenante par sa radicalité. En moins d'un siècle, le monde verrait se succéder 3 périodes : hyperempire, hyperguerre, et éventuellement hyperdémocratie si tout n'a pas explosé entre temps.
Mais les hypothèses sont convaincantes : l'auteur part des tendances actuelles (sociologiques, économiques, géopolitiques et technologiques) et semble ne faire que les porter au bout de leurs logiques, en tentant d'imaginer leurs influences réciproques. Et ce qui semble à première lecture le plus "science-fictionnesque" est souvent ce qui pointe déjà dans notre quotidien (rôle sans cesse accru des transports, de l'information, de la sphère marchande).
Ni pessismiste ni optimiste, c'est l'amoralité du point de vue qui surprend le plus. L'auteur estime que seuls des dangers vitaux à très court terme pourront motiver des régulations écologiques et économiques mondiales.
Touchant le monde des bibliothèques, on pourrait essayer de réfléchir de même, en essayant de n'extrapoler que sur des tendances déjà présentes :
- inégalités des usagers, de moins en moins en accès mais surtout en maîtrise de l'information
- établissements toujours lourds, mais pressions accrues (cadre Européen LMD, concurrence d'entreprises privées).
- automatisation et externalisation de beaucoup de tâches
Une chose que l'on peut peut-être en déduire est que les lieux de documentation vont perdre leur spécificité. Tout lieu cherchera en effet : 1/ à être un espace convivial 2/ à donner accès à de l'information.
Tout le monde sera un peu bibliothécaire... reste à savoir si certains le seront beaucoup ! Et apporterons un service vraiment intéressant dans ces contextes, notamment en démontrant publiquement l'intérêt d'un accès à l'information qui ne se réduise pas aux entreprises privées ou communautaires. En justifiant à nouveau la spécificité de "lieux culturels", non plus en tant qu'exceptions défensives, mais en tant qu'expansion libre permettant de maîtriser les autres domaines.
Donc en reprenant les étapes d'Attali, on pourrait imaginer un affrontement de 3 tendances : hyperinformation, hypermanipulation, hyperformation.
Les besoins, et surtout les moyens de l'hyperformation n'appaîtraient que lorsque l'hypermanipulation sera à son apogée ! Car la pure conviction des bibliothécaires n'y suffira pas, ni en compétence, ni en budget, ni en organisation.
A rebours, c'est un peu ce qui veut montrer Andrew Finegan
(signalé par Klog)
" Solution : Lancer un régime totalitaire. Les personnels des bibliothèques doivent tous atteindre les standards prescrits en maîtrise de l'information, Sinon : Humiliation publique, Exécution publique".
De manière moins provocante, on peut dire que les bibliothèques seront remises en question parfois jusque dans leur existence, et que pour assurer leurs missions les plus traditionnelles elles devront suivre les sauts quantitatifs et qualitatifs considérables que va continuer d'effectuer le monde de l'information.
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2 commentaires:
La tendance hypermanipulation, j'ai l'impression qu'on en est déjà très proches...
Et pour l'hyperinformation, je pense aussi qu'on va voir se développer en même temps des centres de doc pointus sur des théatiques très ciblées...mais effectivement réservés à une certaine élite.
Hum ! réflexion très intéressante et lucide sur le devenir de ces lieux d'exception que sont les bibliothèques ;) Il serait vraiment souhaitable de travailler à ce saut qualitatif nécessaire. Il me semble que cela est possible... quelques petites idées pour poursuivre la réflexion ici http://ideesinfos.free.fr/?p=161
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