26 février 2007
Lire en continu & en alternatif
COMMENT LIRE ET ECRIRE ?
* La force formatrice du livre imprimé réside dans ses limites techniques (fixité, unité).
Mais face au progrès technique et à l'efficacité, comment défendre l'ascèse de l'imprimé auprès de ceux pour qui elle ne représente rien ?
Si on définit que la meilleure pratique serait celle d'un double usage "réfléchir avec l'imprimé, confronter avec le numérique", alors comment valoriser et démocratiser ce modèle ?
* Concernant le numérique le colloque a surtout cité le surf internet, sans vraiment évoquer les expérimentations d'oeuvres numériques ou simplement l'influence des traitements de texte sur le papier. Existe-t-il des études sur la façon dont un internaute parcourt les écrans et les ensembles d'hyperliens, et sur les manières numériques de favoriser la compréhension d'un ensemble complexe ? Bref, si le numérique est efficace et bête, peut-on ou non le rendre plus intelligent ?
* On attend l'encre numérique (suppression du mal aux yeux et multiplication des supports pages). Avoir un support aussi simple que du papier, mais avec un modelage numérique : quelle expériences de lectures cela produira-t-il ? Aura-t-on d'avantage envie de lire Proust sur du papier numérique que sur un écran ? Aura-t-on envie de lire autre chose ?
* La différence n'est pas tant dans le support (nos livres papiers sont déjà écrits numériquement) que dans la manière dont le support gère la fixation et le mouvement du texte. Ainsi, théoriquement, on pourrait se donner la chance de lire linéairement un texte en bridant un livre électronique à un seul affichage possible. Papier ou pas papier, il faudrait conserver la possibilité de lire et écrire en mode continu (support mode fixe) et en mode alternatif (support mode mobile).
QUE FAIRE ?
* L'Etat se positionne sur la défense du patrimoine et le soutien à des créations économiquement non-rentables. Et les "acteurs de la chaîne du livre" (expression beaucoup utilisée) semblent en réalité plus divergents que solidaires. Bref : la démocratisation (l'accessibilité diversifiée pour un grand public) risque d'être l'apanage d'un mixte entreprises privées/réseaux numériques/réseaux sociaux. La politique culturelle concerna moins les contenus que la législation et la mise à disposition des interfaces et des espaces.
* Que peuvent faire les bibliothèques ? Expérimenter dit D.Renoult, mais il cite comme seuls exemples-phares Clamart et la BPI (qui datent des années 60 et 70). Les établissements français auront-il suffisamment de méthode, de temps et l'argent pour expérimenter numériquement ?
*B.Yvert parle d'une "séparation logique entre la lecture plaisir, où le livre imprimé conservera son monopole et la lecture utile -informative et professionnelle- où l’écran rendra une place croissante jusqu’à devenir la norme". La bibliothèque, ni pure librairie de gare (plaisir), ni pur centre de documentation (utilité), vise aussi l'éducation, l'initiation et la réflexion... des formes qui requiert à la fois concentration et sociabilité.
* L'utopie minimaliste des bibliothèques pourrait-elle être de miser sur les espaces : cellules et salles de lecture ? On ne sait pas ce qu'il y aura dedans (en quelle matière y seront les feuilles) mais on sait qu'il faudra toujours offrir la possibilité de se concentrer sur un texte et celle d'en découvrir d'autres. Et sur cette offre d'espaces publics le privé ne peut faire concurrence.
22 février 2007
L'avenir du livre
* Donnedieu de Vabres : Le livre était l'objet du temps long, il devient mortel. Il faudrait "une grande loi pour les bibliothèques" et un label pour les librairies indépendantes de qualité.
* Nora : Selon Steiner "Nous avons besoin du silence des livres". Selon Borges, le livre est le seul outil que l'homme ait vraiment inventé, les autres ne sont que des prolongements des sens et des mouvements.Les jeunes se représentent maintenant le livre comme l'imposition d'une autorité pyramidale et préfèrent l'aspect participatif du numérique.
Le livre
* Djebar : Le livre permet de reprendre et fixer les mouvements des oralités. Proust "le livre est le miracle fécond d'un dialogue dans la solitude", une communication dans l'interiorité.
* Viel : L'écriture fait travailler la faille entre la matière du monde et le langage, un espace à la fois d'incertitude et de découverte d'un "sens commun" des mots.
* Bazin :Le livre : a une intentionnalité qui permet de développer un espace intérieur / Le numérique : suppression des limites, permet la diversité.Peut-on concilier les deux ?C'est une crise de la représentation : à travers le livre on peut prendre du recul, se représenter soi-même réagissant face à un savoir constitué. A travers le numérique on parcourt une succession d'expériences. Tous "expérimentateurs", passant d'une communauté de savoir à une autre.Lire les livres = creuser les textes fondementaux, capsules de sens.Lecture numérique = mise en relation, croissance externe, diversité et vision relativiste.
* Latour : L'opposition n'est pas entre les livres et les écrans (qui sont pour le moment très mauvais) mais entre l'unité de l'oeuvre et son codage numérique (en 0 et 1). Cela vaut pour le texte mais aussi les images.Le livre était un amalgame de fonctions que l'on peut maintenant décomposer, à travers une véritable "écologie des documents". Prenez une photo de votre bureau : livre, post-it, écran... toute une gamme d'écrits aux statuts différents y est représentée.
La lecture
* Desarthes : Au dela de la contrainte scolaire ou pratique, découvrir que dans le livre il n'y a pas qu'une "histoire" (sinon serait réductible aux autres médias). La lecture personnelle permet de lier l'interne à l'universel.
* Fumaroli: Les technologies (images, son) rendent tardive voir douteuses l'accès à la dimension intérieure qu'offre la lecture. Numériquement même les images deviennent liquides et abstraites, contrairement à l'art qui engage les sens et le corps. La télévision est une piscine californienne, c'est le pire ennemi de la lecture.
* Mabanckou : La lecture comme transgression (San Antonio) et comme passion et fascination (exemple des Centres culturels francophones). Face au manque de livres, la lecture est naturellement perçue comme une richesse.
* Assayas : Adapter simplement une "histoire" = logo patrimonial, formatage narratif, simplification du monde... même pour le Da vinci code c'est une réduction qui perd le style. Le style = le méandre des perceptions, l'échange actif avec l'oeuvre d'art, (et non pas la passivité, à travers des médias où notre propre monde nous devient étranger).
* Lanzmann : Les scénarios parfaits : à quoi sert de les adapter s'ils ne font qu'illustrer un texte déjà autosuffisant ?
* Olivennes (FNAC) : Le livre connaît juste un changement de support : le CD devient MP3, le livre deviend fichier numérique.
* Racine (BPI) : Quand on leur demande quels livres ils aiment le moins, les français citent les classiques imposés à l'école. Le livre a perdu son omnipotence : si le film Indigène avait été un livre, il n'aurait pas eu le même impact politique. La littérature est un pouvoir désormais partagé mais irremplaçable.
La médiation
* Jeanneney (BNF) : Les pouvoirs public doivent surplomber les initiatives privée, pour donner de la pérennité. Face au chaos du tout, donner du sens par la sélection.
* Gauchet : Horizon utopique d'une bibliothèque universelle "tout accessible à tous" et la possibilité existe techniquement : tous les intermédiaires de la chaîne du livre pourraient disparaître. Mais concrètement : ils sont parmi les médiateurs les moins contestés de la société, car pour le texte les rôles de sélection et de validation sont cruciaux. Gauchet
Les éditeurs
* Cohen (L'Oliver) : Les éditeurs avant : avaient un rôle d'artisan (créer une offre, mais sans demande préalable... car chaque livre est un prototype). Maintenant : des géants financiers qui ne créent rien mais reproduisent des produits.
* Gallimard : L'éditeur doit être rémunéré sur le long terme : pour sa prise de risque et sa création d'un catalogue de fond.
* Thorel (Ombres blanches): Si on regarde les chiffres, Amazon ne concourre pas à la diffusion de la création littéraire. Par son repérage géographique des librairies, Google est plus égalitaire qu'Amazon... mais le mieux serait d'impliquer la BNUE.Préserver l'environnement urbain par la présence de libraires, où on fait un feuilletage réel, et où on trouve ce que l'on ne cherchait pas.
*Cohen-Séat (Amazon). Amazon = rayonnages infinis + livraison partout sans frais de port + partage des commentaires.
* Jeanneney : Sans le prix unique, les libraires en ligne menaceraient gravement les libraires indépendants.
Les bibliothèques
* Mittler (BU Göttigen). Bibliothèques : endroits ou lire/écrire/publier numériquement, fournir des impressions à la demande, se donner rendez-vous pour toutes générations.
* Renoult (Inspection). Avancées énormes : en 1945 la France était sous-devéloppée en BU et BM, n'avait pas formations, pas de normalisation. Mais la moitié des BU ont des fonds de moins de 200 000 ouvrages ; et les BM doivent maintenant ne plus attendre d'interventions de l'Etat. Comment avancer rapidement ? Multiplier les expérimentations. Chercher à utiliser des étudiants pour augmenter le nombre d'heures d'ouvertures, comme aux USA. Utiliser le numérique pour analyser les attentes du public.
Les critiques littéraires
* Lepape. La critique doit se situer entre deux écueils : faire de la littérature sur la littérature ; ou faire du journalisme en évitanttout vocabulaire esthétique compliqué.
* Martin. Indispensable indépendance, trouvée en province : ne pas être obligé de parler des célébrités. Eviter que comme le film, le livre devienne un produit dont on parle du coût et des bénéfices.
* Boulouque. Problème des complaisances mutuelles des critiques-écrivains qui sont d'abord préoccupés par leur carrière. On n'a pas le droit d'escroquer ainsi les gens de 15 €. Problème des journaux, qui face à la baisse s'interrogent en terme de marketing et pas de contenu : ils ne peuvent plus être prescripteurs. La passion doit reprendre le dessus.
DLL
* Yvert. Au livre serait réservé la lecture plaisir et au numérique l'information. Futur développement du site du CNL pour informer plus les professionnels, et aide à la création d'un portail de vente pour les libraires indépendants.
21 février 2007
Bibliocamp
C'est quoi ?
Une rencontre pour discuter des possibilités de coopération entre biblioblogueurs francophones. Avec les outils numériques, comment aller plus loin dans les dynamiques professionnelles ? Et pourquoi pas en lien avec une association comme l'ADDNB.
Bref l'esprit d'entreprise des Barcamps, appliqué aux bibliothécaires.
C'est quand, c'est où ?
Kotkot explique tout.
* Bibliocamp à 16h30 le 15 mars à la BPI, puis plus tard dans un café.
= Pour les biblioblogueurs
* Suivi d'une Journée d'étude "Exploiter internet pour communiquer et collaborer" 9h-17h le 16 mars à l'IRCAM.
= Pour les biblioblogueurs + les membres de l'ADDNB.
C'est qui ?
Pour s'inscrire envoyez un mail là.
Et pour que tout le monde soit au courant vous pouvez aussi vous signaler là : http://biblio.wikia.com/wiki/ADDNB
Quel lien avec la journée du 16 mars ?
Le 16, c'est une journée professionnelle de présentation d'outils numériques (blogs, wikis...).
* Des biblioblogueurs pourraient participer, par exemple en présentant chacun rapidement un billet (ou un échange, ou une thématique continue) représentatif ou intéressant de leur blog. Comment telle ressource a été trouvée, retravaillée, quelles réactions cela à suscité, comment le rédacteur a pu approfondir progressivement sa connaissance d'un domaine... Bref présenter de l'outil mais surtout du contenu.
*Les résultats des réflexions du 15 pourront être présentés aux membres de l'ADDNB s'il y a matière... de son côté l'ADDNB s'oriente déjà vers ces enjeux de mutualisation et de collaboration (voir cette enquête).